Qu’est-ce que je fais ici ? Alors que l’horizon engloutissait paresseusement le corps encore chaud du soleil, tes pattes t’avaient machinalement conduite à la forêt de frêne. Ce lieu que tous déserte la nuit. De plus, ce n’était qu’une vaste étendue d'arbres dénuée d’intérêt, sau peut être pouréalisée la chasse. La majorité lui préférait les très nombreux coins d’apparence cachée et exotiques. Pour ta part, la vaste mer végétale avait su combler ton cœur, de part ses vagues joyeuse et sa vue imprenable sur les cieux. Tu y venais fréquemment, presque toutes les nuits même, afin de fuir les sentiments qui t'envahissent chaques soirs. Mais cette fois-ci, tes pattes, non satisfaite d’avoir été usée tout au long de la journée, décidèrent de poursuivirent leur route. Et tu avais marché, encore et encore, perdu dans tes pensées. Poisson d'or... Je me demande ce que tu fais. Ce nom avait la fâcheuse habitude de te revenir en tête, pour ton plus grand embarras. Cet horrible matou bien trop sûr de lui et ayant l'habitude de t'entraîner à des heures perdues commençait à prendre trop de place à ton goût, certe, tu l'aimais comme un père, il t'avais appris tant de choses.. mais tu ne pensais pas avoir une telle relation avec d'autres félins depuis la mor de tà fà mille, pour le momet en tout cas. Peut-être était-ce pour cette même raison que tu fuyais ton lieu favori pour cet aride désert ? Afin qu’il ne sache pas où te trouver si l’envie l’en prenait ?
Le sable crissait de façon désagréable sur tes coussinets. Tu peinais à avancer, les grains jaunâtres dévalant les dunes sous ton poid. L’air était sec et froid, sans un souffle. Lourd. Tu pouvais sentir l’orage gronder silencieusement parmi les nuages que la nuit dissimulait. Ta fourrure était dressée en attente de ce moment. Silence. Rien ne bougeait. Les étoiles te fixaient de leurs piédestaux. Tu marchais. Un pas. Deux pas. Le sable salissait tes pattes. La tête baissée, tu te sentais faiblir. Autour de toi le désert, encore et toujours recommencé.
Tu peinais à respirer. Chaque fibre de ton corps se faisait douloureusement sentir. Tu étais raide sans raison accablé d’un poid invisible. Tu respirais bruyamment en quête d’un air qui ne venait pas. Ta poitrine se comprimait davantage à chaque pas. Tu relevas brusquement la tête, dans un dernier espoir d’énergie, pour chasser le mal qui enlaçait ton corps. En vain. Qu’est-ce qui cloche ? Paniquas-tu, perdu. Ton âme hurlait que le danger était proche. Tu contemplas le désert en espérant y trouver la source du mal. Les ténèbres du soir t’aveuglaient. Les nuages recouvraient la lune à moitié remplis, tamisant la pâle lueur jaune qu’elle t’apportait. Tu hésitas un instant avant de continuer ta route. C’est ainsi que tu le vis. Un félinavançait lui aussi dans ce royaume jaunatre. Ta raison t’ordonna de l’abandonner à son sort. Ta peur futile du chat errant te conseilla de rebrousser chemin face à lui. Ton cœur te poussa à rallonger ta promenade nocturne.
Ta démarche se faisait maladroite, titubante. Les épaules et le dos vouté, le menton frôlant la terre, tu marchais. J’ai soif. Guère étonnant, dans un désert. L’air crépitait, orageux. Il te sembla entendre au loin l’écho du tonnerre jouant de ses tambours. Je dois boire. Tu sentais l’envie ronger tes entrailles, arracher la chair de ta gorge desséchée. La soif se faisait pressante, forte, intense. À boire. Je vous en supplie... Juste un peu d’eau... . Ton cerveau s’était mis en tête que tu souffrais et les symptômes avaient commencés à germer. Tes articulations peinaient à se plier sans gémir, comme rouillées, abîmées. Ta vue n’était plus que vague tâches depuis longtemps, si bien que tu te contentais d’avancer à l’aveuglette vers la présence de vie. Vers la soif. Chaque pas que tu faisais t’affaiblissait un peu plus.
Bientôt... Je suis bientôt arrivé. Tu trébuchas sur une pierre. L’instant d’après te voilà déjà debout, à tracer ta route obstinément ta route. Tu toussas de la poussière. Tu redressas tant bien que mal ta tête devenue trop lourde, et chercha de tes yeux lumineux l’inconnu. Soif... Tu haletais méchamment. Un souffle roque résonnait dans cêtre immensitée. Ton souffle. Tu te traînas difficilement vers ce qui te semblait être une oasis, vers l’un des points d’eaux de l’endroit.
L’eau souilla ta gorge sans provoquer le moindre soulagement. Tu avais envie de planter tes griffes à même ta chaire, de couper ce qui te servait de corde vocale. Tu avais envie que le manque cesse, que cette immonde désir te déserte. Mais il s’agrippait à ton dos, tenace. Il n’y avait rien à faire. Je dois... Tu te relevas, le torse parsemé de cristaux d’eau. Je dois le trouver. Et l’aider. Cette certitude t’avait conduite jusqu’ici.
Il est là. Tout proche. Il aurait pu bondir sur toi. Mais il n’en fit rien.
« Soif..., gémis-tu d’une voix éteinte. »
Quelques gouttes d’eau glissèrent le long de ton poitrail pour s’écraser plus bas. Tu t’effondras sur le côté. Ta poitrine se soulevait hâtivement, faiblement. Ta tête te faisait mal. Elle tournait. Tu avais de la fièvre. Tout tournait. Soif ? À l’aide... Non. J’ai soif ? Pas moi... Lui... Lui ? Qui ? Elle ? Il ? Un chat... ? Oui, un chat. Soif... le chat a soif lui aussi.
« ...Dois boire, réussis-tu à supplier dans un faible souffle. »
Tu sentais ton cœur s’emballer. Mais tu savais te contrôler. Tu avais du supporter bien plus. Beaucoup plus. C’était intense. Mais tu tiendrais. Sans mal.
« Tu dois boire, articulas-tu difficilement en relevant la tête. »
Tu fixas l’inconnu droit dans les yeux, ou du moins ce qui semblait l’être. Ta vision restait brouillée par l’envie. Soif... c'est alors que le matou te donna un coup de patte dans les flancs.
Tu te réveilla en sursaut, néanmoins essayant de ne pas laisé transparaître la peur qui suintait encore de tous tes pores. Juste un cauchemard. Enfin tu fis attention à ton environnement. La tête de Poisson d'Or était suspendu au dessus de toi, telle la lune suspendue au ciel azur. Tu n'étais pas encore bien réveillé, mais tu crus entendre une phrase échapper de sa bouche :
«C'est l'heure. »
Argh.. De guerre las, tu te levas, les membres encore endormis de sommeil. Ton mentor était déjà sorti de la tanière, tu entendais ses pas résonner sur le sol. Tes yeux étaient perdus dans le vague. Tu trébuchas sur un apprentis qui dormait.
«Excuse moi. »
Tu te relevas et courus vers ton mentor. Tu repris un rythme de marche une fois arriver derrière lui. A quoi vas-t-on bien pouvoir encore s'entraîner aujourd'hui..